Trente ans de COP et un même constat persistant : l’ambition climatique peine encore à devenir action. À Belém, la COP30 illustre ce décalage, entre influence des lobbies, mobilisations inédites et avancées trop limitées face à l’urgence.
30 ans de COP sur le climat
Les conférences des parties (COP) pour le climat ont débuté il y a 30 ans à Berlin. Ces forums onusiens visent la construction de règles communes, favorisent l’échange d’informations stratégiques pour établir les mesures prioritaires à prendre pour lutter contre le changement climatique et stimulent une mobilisation de négociateurs, de scientifiques et de la société civile du monde entier.
Parmi les COP marquantes, nous pensons à celle de 1997 qui a donné naissance au Protocole de Kyoto, qui a défini l’ensemble des gaz à effet de serre à surveiller et à réduire (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote et les gaz fluorés) et nous pensons à celle de 2015 qui a donné naissance à l’Accord de Paris, qui a défini l’objectif international de plafond de réchauffement climatique à 2°C (sans dépasser 1,5°C de préférence) d’ici la fin du siècle.
L’ouverture de la 30ᵉ Conférence des parties sur les changements climatiques caractérisée par des appels à l’action. Plusieurs messages forts ont marqué l’ouverture de la COP 30 à Belém au Brésil le lundi 10 novembre : le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré : « Cette COP doit marquer le début d’une décennie d’accélération et de résultats », tandis que le président brésilien Lula a plaidé pour la mise en place d’une feuille de route actant la sortie des énergies fossiles et a annoncé que ce serait « la COP de la vérité ».
Cette COP était très attendue malgré une remarque fréquente que « les COP ne servent à rien ». Et, si, malgré 30 ans de COP, il n’y a pas le début d’une inflexion de la courbe des émissions de GES, on pourrait citer la journaliste Amy Westervelt “Si les COP ne servaient à rien, elles ne seraient pas autant la cible des exportateurs d’énergies fossiles.”

Une COP30 sous influence
Les lobbies dictent le rythme tandis que les peuples autochtones luttent pour exister. Plus de 1 600 lobbyistes des énergies fossiles ont été autorisés à participer à la COP30, un nombre record qui pourrait représenter la deuxième plus grosse « délégation » après le Brésil. Ainsi, un participant sur 25 défend les intérêts pétroliers ou gaziers. Malgré des mesures censées limiter leur influence, plusieurs représentants ont obtenu des accréditations leur donnant accès aux espaces réservés aux négociateurs, appelés « zone bleue ».
L’agro-industrie est également très présente, avec au moins 302 délégués issus de multinationales comme Nestlé ou Bayer promouvant des « solutions » controversées, telles que les biotechnologies, les biopesticides ou les biocarburants, accusées de détourner l’attention de l’impact réel du secteur.
Face à cette influence, vendredi 14 novembre, près de 90 membres du peuple Munduruku ont temporairement bloqué l’accès à la zone bleue, dénonçant les projets et activités extractives menaçant leurs territoires. Le lendemain, entre 50 000 à 70 000 manifestants, dont de nombreux peuples autochtones, ont défilé à Belém.
Malgré leur mobilisation et ces actions symboliques, ces derniers peinent toujours à se faire entendre et à accéder pleinement aux espaces de négociation, contrairement à ce qu’avait annoncé le président du Brésil Lula lors de son discours d’ouverture : « Nous serons inspirés par les peuples autochtones ».

L’absence remarquée mais prévisible des États-Unis à la COP 30. La Maison Blanche a décidé cette année de n’envoyer aucune délégation officielle à Belém pour la COP30, confirmant la position climatosceptique de Donald Trump. Sous son administration, les États-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, restent hors de l’accord de Paris adopté lors de la COP21 en 2015 et l’EPA (Agence de protection de l’environnement) fait l’objet d’une dérégulation systématique.
Clôture sur des accords minimalistes malgré des négociations prolongées
Après plusieurs rebondissements, dont un incendie qui s’est déclaré à l’intérieur du site à Belém la veille de la clôture, les négociations se sont prolongées et la COP30 a fini par se clôturer samedi 22 novembre sur un accord jugé décevant par de nombreux pays.

Un texte final qui évite soigneusement les énergies fossiles.
Malgré les ambitions annoncées de feuille de route vers la sortie des énergies fossiles, le texte final n’en fait aucune mention explicite. La première version comportait pourtant le terme, mais les consultations successives l’ont fait disparaître.
Face à cette impasse, le Brésil a tout de même annoncé son intention de coordonner, en dehors du texte officiel, deux feuilles de route avec les pays volontaires : l’une portant sur la réduction progressive des combustibles fossiles, l’autre sur la lutte contre la déforestation.
Un silence persistant sur l’agro-industrie
La COP30 renvoie également à l’année prochaine les discussions consacrées à l’alimentation, alors que le système agroalimentaire représente une part croissante des émissions mondiales. Un résultat que beaucoup attribuent à l’influence des lobbies de l’agro-industrie omniprésents à Belém.
Des avancées minimales sur le méthane
La COP30 n’a enregistré que des progrès limités sur la réduction du méthane, un gaz responsable d’un tiers du réchauffement. Seule une dizaine de pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, le Japon, la Norvège et le Kazakhstan, ont pris des engagements volontaires pour diminuer leurs émissions, notamment en mettant fin au torchage et au dégazage systématique d’ici 2030. Le Brésil et le Royaume-Uni ont ainsi appelé à une utilisation plus efficiente des engrais, autre source importante de méthane. Par ailleurs, des pays en développement bénéficieront d’un soutien financier pour créer des équipes dédiées à la lutte contre ces « superpolluants ».
La déforestation, sujet phare annoncé, présente de timides avancées
Alors que Belém, au cœur de l’Amazonie, devait symboliser l’ambition d’une action internationale forte contre la déforestation, les résultats restent mitigés.
Le Brésil a présenté un nouveau mécanisme financier récompensant la préservation des forêts tropicales, le Tropical Forest Forever Facility (TFFF) Toutefois, son capital initial de 5 milliards de dollars reste très inférieur aux 125 milliards espérés et suscite des critiques, particulièrement pour son incapacité à traiter les causes structurelles de la déforestation.
De son côté, l’Union européenne (UE) a approuvé le report d’un an de l’application de la loi anti-déforestation, désormais prévue pour 2027.
À l’inverse, la Colombie a pris une mesure ambitieuse concernant sa région amazonienne, couvrant plus de 483 000 km², soit 42 % du territoire colombien et 7 % de l’Amazonie, en déclarant celle-ci totalement protégée de l’exploitation pétrolière et minière.
Une adaptation au changement climatique sans moyens concrets
Les pays africains n’ont pas obtenu les financements qu’ils espéraient pour s’adapter aux impacts croissants du changement climatique. Le compromis final reconnaît la nécessité de tripler d’ici 2035 les financements destinés à l’adaptation, un objectif qui porterait l’enveloppe à environ 120 milliards de dollars par an. Mais, l’accord se borne à rappeler que cette enveloppe devra s’inscrire dans les 300 milliards de dollars d’aide Nord-Sud, sans précision sur la répartition ou la provenance des fonds. À titre de comparaison, l’Adaptation Gap Report 2025 estime les besoins réels des pays du Sud entre 310 et 365 milliards de dollars par an à l’horizon 2035.
Fin des centrales à charbon pour la Corée du Sud
Néanmoins, sur une note plus positive, certains pays ont pris des engagements forts. La Corée du Sud s’est par exemple engagée à éliminer progressivement les centrales électriques à charbon sans mesures de réduction des émissions. Le pays exploite actuellement le septième plus grand parc de centrales à charbon au monde.

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COP30 : avancées limitées face à l’urgence climatique
La COP30 s’est clôturée sur un bilan mitigé, avec des avancées limitées face à l’urgence climatique. Entre l’influence des lobbies, l’absence des États-Unis, les engagements volontaires insuffisants sur les énergies fossiles, le méthane et la déforestation, les résultats laissent un goût d’inachevé. Belém devait symboliser une accélération décisive dans la lutte contre le changement climatique, mais la conférence aura surtout mis en lumière l’écart persistant entre ambitions affichées et réalisations concrètes.
La prochaine conférence annuelle se tiendra à Antalya en novembre 2026. Particularité inédite : si la Turquie accueillera officiellement la COP31, c’est l’Australie qui en pilotera les négociations. Une formule hybride dont l’efficacité reste à éprouver, dans un contexte où les attentes ne cessent de croître.
Si ces mesures internationales ne changeront finalement pas grand-chose aux planifications actuelles en Europe et en France, il reste capital de poursuivre la décarbonation de nos systèmes énergétiques, de nos industries, de nos transports, de préparer l’évolution des réseaux électrique et gazier et les transformations numériques associées. Yélé Consulting porte cette ambition commune par son expertise sur ces sujets depuis plus de 15 ans.
Rédacteur : Lionel Jaby, Clarisse Francese et Laura Gorge
Avec l’appui de : Florian Licari
Sources :
- Le Monde, mercredi 19 novembre 2025
- Parlement européen : en pleine COP 30, droite et extrême droite s’allient pour sacrifier le climat et les droits humains – BLOOM Association en parallèle de la COP 30, loi Omnibus votée en Europe
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