Les entreprises sont de plus en plus attendues sur leurs performances environnementales. Obligations réglementaires, conformité ESG, attentes des investisseurs et des talents… autant de raisons qui incitent les acteurs industriels à déployer des stratégies de responsabilité sociétale et environnementale (RSE).
Dans l’industrie, une stratégie environnementale adresse presque toujours la consommation de matières premières, la performance énergétique, la gestion des déchets et effluents, et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les secteurs les plus concernés sont notamment l’industrie chimique, l’électricité, le gaz et le pétrole. Tous font face à des défis majeurs : sécuriser les approvisionnements, financer l’innovation, assurer la viabilité économique des projets, et développer de nouvelles technologies.
Pourtant, un enjeu reste souvent sous-estimé : l’impact de la transition environnementale sur les métiers et les compétences. D’après un rapport de la CCI, 20 % des entreprises industrielles reconnaissent ne pas savoir évaluer cet impact. La gestion des compétences n’intervient qu’après l’évolution des procédés, la sensibilisation des collaborateurs ou le travail avec les clients et fournisseurs.
Or, accompagner les métiers est essentiel pour réussir la transformation et fidéliser les talents. La question est donc double : quels métiers sont affectés par la transition environnementale ? Comment les accompagner ?
Diagnostiquer les métiers impactés : une cartographie des parties prenantes internes
La première étape consiste à identifier les familles de métiers concernées. Sur la base du référentiel ROME, on peut les regrouper en huit grandes catégories :
- Logistique, déchets, sécurité, qualité, environnement
- Achats
- R&D
- Méthodes et industrialisation
- Fabrication
- Marketing et vente
- Installation et maintenance
- Gestion, administration, finances, RH
Chaque métier mobilise des macro-compétences – par exemple : maîtriser la thermique, les procédés de fonderie, la connaissance des marchés de l’énergie, ou la conduite d’achats responsables…
Pour identifier les compétences à renforcer et leur degré de priorité, il est possible de construire une matrice comme ci-dessous. Il s’agit de croiser les métiers (en colonnes) avec les compétences (en lignes). Les familles de macro-compétences sont celles identifiées par la structure, par exemple dans les documents de gestion des compétences (comme la GPEC). Pour chaque famille de compétences, on détaille ensuite les compétences précises.
Une fois ce tableau construit (structure du tableau ci-dessous), on peut déterminer, pour chaque compétence, si elle est affectée par la transition énergétique (évaluation binaire : oui/non).
Ce diagnostic est réalisé sur la base des ressources internes existantes, complété par des entretiens et/ou une enquête. Il permet de produire une vision d’ensemble de l’impact de la transition énergétique sur les compétences et les métiers, et ainsi de construire et prioriser un plan de gestion des compétences.
Source : « Impact de la transition écologique sur les métiers et les compétences de l’industrie », L’Observatoire des compétences de l’industrie, 2022
L’impact de la transition environnementale sur les compétences
À l’échelle du secteur industriel français, la transition écologique entraîne peu de disparition de métiers, mais un fort besoin d’adaptation. L’enjeu est moins de réorganiser les structures que d’accompagner le développement de nouvelles compétences.
Parmi les domaines les plus touchés :
- La R&D : forte demande d’experts en éco-conception, en analyse de cycle de vie (ACV), en génie électrique, en connaissance des matériaux et produits. Les équipes doivent aussi intégrer la veille réglementaire et adopter une vision systémique (réglementaire, technique, économique).
- Les achats : montée en puissance des achats responsables, avec l’intégration de critères environnementaux, d’enjeux de traçabilité, d’identification de nouvelles filières d’approvisionnement. À titre d’exemple, pour certains appels d’offres, nous devons intégrer des critères environnementaux dans les grilles de notation des fournisseurs (jusqu’à 30% de la note). Les acheteurs jouent un rôle clé dans l’intégration de la chaine de valeur amont à la stratégie environnementale de l’entreprise. Il est donc essentiel qu’ils maîtrisent ces sujets.
- La QHSE et la logistique : renforcement des exigences sur la sécurité, la gestion des déchets, la réduction des risques environnementaux et la conformité réglementaire.
Ainsi, la transition verte ne crée pas radicalement de nouveaux métiers, mais transforme en profondeur ceux qui existent déjà.
Le rapport interindustriel « Impact de la transition écologique sur les métiers et les compétences de l’industrie » souligne que les entreprises du secteur peinent encore à mesurer l’effet de cette transformation sur leurs métiers. Pourtant, celles qui ont intégré tôt un diagnostic compétences se montrent plus résilientes.
Témoignage sur les métiers de la R&D :
« Demain, certains métiers vont se créer dans les ACV, l’éco-conception. La majeure développement durable et écoconception sera obligatoire partout, comme le français ou les maths. » (Entretien d’expert)
Témoignages sur les métiers des achats :
« Il y a une réflexion autour des achats : en quoi le coût environnemental peut être intégré sur le moyen/long terme. Il faut intégrer cette question dans les formations aux achats. » (Certificateur de formation)
Le sujet vous intéresse ?
Parlons-en !
La transition environnementale n’est pas seulement une question de procédés et de technologies. C’est un enjeu humain et organisationnel majeur. Identifier les métiers affectés, anticiper l’évolution des compétences et accompagner les collaborateurs conditionnent la réussite durable des stratégies environnementales.
C’est précisément ce que permettent nos savoir-faire TMOP :
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Rédactrice : Inès Du Coueic
