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PNACC 3 : aller au-delà du plan et passer à l’action

La troisième version du plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3) a été publiée en mars 2025 et nous avions présenté les actions qui y sont prévues pour la résilience du système énergétique français. Ce document liste les projets en cours et venir sur plus de 200 actions en indiquant clairement les pilotes, le budget s’il est défini, le calendrier et les indicateurs.

Les limites du PNACC 3

Le Haut Conseil pour le Climat a publié un avis sur les mesures du PNACC 3. Le principal reproche concerne les budgets, qui ne sont pas définis pour la plupart des actions concernant la résilience des systèmes énergétique. De même, certains financements restent insuffisants par rapport aux besoins d’adaptation.

Le HCC a également suggéré :

  1. De prévoir un renforcement des financements de l’adaptation sur la base d’un cadre incitatif et réglementaire et mettre en place un suivi transparent des crédits alloués à chaque mesure
  2. D’inscrire le PNACC 3, ainsi que le TRACC, dans le cadre législatif et réglementaire, en particulier dans le code de l’environnement
  3. De travailler sa gouvernance à l’échelle nationale, par exemple en clarifiant les rôles public / privé / citoyens, en nommant un pilote interministériel et en organisant des COP régionales sur l’adaptation au changement climatique, annoncées à l’automne 2024, mais dont la mise en œuvre n’a pas été actée
  4. De prévoir les effets rebonds sur les autres piliers de la Stratégie française énergie et climat (notamment sur la biodiversité), et élargir l’étude des impacts du changement climatique aux éventualités à haut risque et aux risques en cascade
  5. D’accompagner les acteurs, notamment privés, dans :
  • La formation des parties prenantes
  • La réalisation de diagnostic de vulnérabilité au changement climatique
  • La mise en place des stratégies et plans d’adaptation territoriaux et sectoriels
  • La mise en place de suivi et d’évaluation des actions

C’est sur ces derniers points que les cabinets peuvent intervenir et accompagner les entreprises dans la déclinaison du PNACC 3 sur leurs activités. 

Entreprises : quels outils et méthodologies concrets pour passer à l’action ?

État des lieux des méthodologies de diagnostic de résilience climatique

Liste des nom outils utiles : Des outils de diagnostic, Des portails de données climatiques, Des méthodes d'évaluation de la
stratégie d'adaptation, Des ressources intéressantes - Yélé Consulting

Source Yélé

OCARA : une approche itérative

Pour évaluer la résilience climatique de son entreprise, il convient de réaliser un diagnostic. Dans ce cadre, Yélé utilise la méthode OCARA, qui offre une analyse itérative de la résilience, en trois temps :

  1. Analyse de la résilience actuelle : évaluer quels sont les sites et processus à fort enjeux, quelle est la nature des risques et quel est leur niveau de sensibilité au climat actuel.
  2. Analyse de l’évolution future des aléas et constructions de scénarios d’impact : projeter l’entreprise dans un climat futur
  3. Définition d’un plan de résilience et d’adaptation : déterminer les transformations nécessaires pour permettre à l’entreprise d’augmenter sa résilience.

La notion de risque est une combinaison de 3 facteurs : un aléa climatique, un niveau d’exposition et une vulnérabilité à un aléa​ :

Schéma des Risques : Exposition, Aléa climatique, Vulnérabilité - Yélé Consulting

Croiser les différentes sources de données pour construire des scénarios d’évolutions des risques climatiques → faire des approximations éclairées ?

Agir : leviers et bonnes pratiques clé sectorielles pour le PNACC 3

Une fois les risques identifiés, il faut passer à l’action. Les stratégies d’adaptation des entreprises peuvent mobiliser plusieurs types de leviers (liste non exhaustive) :

  • Des investissements dans l’adaptation des infrastructures (surélévation, renforcement, déplacement)
  • La mise en place de plans de continuité d’activité (PCA)
  • L’intégration des risques climatiques dans la couverture assurantielle des sites
  • Les provisions comptables pour couvrir les risques climatiques futurs
  • La diversification des fournisseurs ou relocalisation stratégique de certaines activités

Le panel d’actions à mettre en place est large selon les spécificités du secteur et de la localisation des sites. En voici un échantillon :

  • Illustrations pour les réseaux électriques

Entre 2022 et 2040, Enedis prévoit d’investir 1,2 milliard d’euros par an jusqu’en 2040 pour renforcer son réseau de 1,4 million de kilomètres de câbles face au climat. Enedis a aussi réfléchi de longues dates à des mesures pour réagir aux incidents climatiques extrêmes avec notamment la mise en place de la Force d’Intervention Rapide Électricité (FIRE) depuis 2000.

Du côté du transport d’électricité, Rte va investir entre 12 et 29 milliards d’euros à l’adaptation de son réseau, sur les 100 milliards d’euros alloués à son schéma directeur d’investissement à 2040. Dans les travaux d’adaptation figure la cartographie de ses installations à adapter, renouveler, isoler, voire déplacer (postes, lignes, transformateurs, systèmes de supervision, etc).

Domaines d’activitésActions en coursObjectifs pour une
adaptation totale du
réseau
Exemples d’actions
prévues dans le SDDR
Lignes et pylônesAdaptation à des vents de 150 km/h (180 km/h sur le littoral), à la suite de la tempête de 1999Adapter 37 % du réseau aérienRenouvellement complet des infrastructures antérieures à 1940, et d’une partie des
infrastructures construites
entre 1975 et 1995

Mise en place de pylônes plus hauts et de câbles plus épais pour limiter les risques d’incendie
PostesAdapter 93 % des postes au climat futur (postes 400 kV et ont RTE est propriétaire)Surélévation d’une partie des infrastructures et utilisation de matériels étanches pour anticiper les crues et inondations
Maintenance et exploitationAdaptation des pratiques de maintenance et d’exploitation, de manière à assurer la continuité du transport d’électricitéAdaptation des pratiques de maintenance et d’exploitation, notamment pour les 7% de postes qui ne seront pas adaptés en raison des coûts engendrés

Donc un coût prévisionnel total du renouvellement et de l’adaptation de 20 Milliards €, pour une adaptation totale du réseau en 2060

  • Illustration pour l’agriculture

Face au réchauffement, certaines régions viticoles déplacent leurs plantations en altitude ou vers le nord. D’autres testent de nouveaux cépages résistants à la sécheresse. Même les traditions doivent s’adapter. L’agriculture repense ses pratiques, ses territoires, ses variétés.

  • Illustration pour l’industrie

Une usine peut revoir son plan de maintenance pour prévenir les pannes en cas de canicule. Elle peut renforcer ses installations frigorifiques ou encore renforcer l’isolation thermique de ses bâtiments.

  • Illustration pour la mobilité et les transports

Des réseaux de transport revoient leurs infrastructures en utilisant des matériaux plus résistants (rails, routes, ponts, etc). Des capteurs permettent une surveillance continue des ouvrages.

L’adaptation est aussi organisationnelle en intégrant les risques climatiques dans la gouvernance, sensibiliser les équipes, former les acheteurs, les logisticiens ou encore les responsables de site.

L’adaptation au changement climatique est tout aussi importante que l’atténuation de celui-ci. Si un plan national a été établi, la planification se fait aussi à l’échelle territoriale et sectorielle. S’adapter au changement climatique est une nécessité stratégique. Les entreprises qui anticipent seront plus résilientes. Elles protégeront leurs actifs, leurs collaborateurs et leur réputation. Il ne s’agit pas seulement d’environnement. Il s’agit de continuité, de compétitivité, de responsabilité. Des outils existent. Des méthodes sont éprouvées. Il est temps d’agir.


Rédacteurs : Inès DU COUEDIC, Lionel JABY