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Le PNACC  3 : quelles mesures sont prévues pour les industries énergétiques ?

Face à l’intensification du changement climatique, le PNACC 3 (Plan National d’Adaptation au Changement Climatique) s’impose comme un outil stratégique majeur de la politique française énergie-climat.

Une stratégie énergie-climat complète de PNACC 3

Le défi climatique auquel l’humanité fait face a deux angles d’action : l’atténuation de la contribution aux émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux effets du changement climatique. Si l’atténuation implique des engagements internationaux, l’adaptation implique nécessairement des engagements plus localisés car les effets du réchauffement climatique sont variables d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre.

Le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) est un des trois piliers de la stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) avec la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la planification pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ce plan est une actualisation de celui de 2018, qui prenait en compte des apports de la COP21. La première version date de 2011.

Schéma issu du Projet de PPE n°3 soumis à la concertation– Novembre 2024

Le PNACC 3  comporte plus de 200 actions, regroupées en 52 mesures sur 5 axes :

  • Protéger la population
  • Assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels
  • Adapter les activités humaines
  • Protéger notre patrimoine naturel et culturel
  • Mobiliser les forces vives de la nation

Les trajectoires de réchauffement

Cette troisième version du PNACC introduit pour la première fois la notion de Trajectoires de Réchauffement de référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC). Elles se basent sur les données du GIEC pour les trajectoires de réchauffement en France métropolitaine. En effet, un réchauffement global de +2°C correspond environ à un réchauffement local de +4°C.

  • +1,7°C en 2024
  • +2,0°C à l’horizon 2030
  • +2,7°C à l’horizon 2050
  • +4,0°C à l’horizon 2100

Infographie issue du PNACC 3 – Mars 2025

Les effets du réchauffement sur les IEG

Au-delà des impacts climatiques sur le territoire français, quels sont les impacts sur les industries françaises gazière et électrique ?

Systèmes gaziers

  • L’élévation du niveau de la mer et l’intensification des cyclones tropicaux menacent les raffineries côtières
  • Les sécheresses affectent la production de gaz de schiste.
  • Les oléoducs et gazoducs sont vulnérables aux inondations et aux mouvements de terrain.
  • Les épisodes de sécheresse ou d’inondation peuvent interrompre la circulation des barges fluviales, nécessitant des solutions alternatives comme la libération de stocks stratégiques.

Production d’électricité

  • Influence directe sur les niveaux de production et les profils de consommation.
  • Les réacteurs nucléaires sont confrontés à la hausse des températures de l’air et de l’eau, à la sécheresse et à la hausse du niveau marin.

Transport et distribution d’électricité

  • Les câbles souterrains et les postes de transformation sont particulièrement vulnérables aux épisodes caniculaires et aux inondations.
  • Les vents violents et le phénomène de neige molle sont de plus en plus fréquents et impactent les lignes aériennes.

Dans la mesure où la SNBC prévoit une électrification massive du système énergétique français, il est important de connaître la capacité de résilience physique de ces principaux éléments constituant le réseau électrique aux événements climatiques extrêmes :

L’adaptation au changement climatique des réseaux de transport et de distribution d’électricité, la Cour des comptes

Les besoins d’amélioration de résilience des infrastructures

Ainsi il est nécessaire de mettre à jour les normes et les politiques de renouvellement pour intégrer les risques climatiques dans la conception et l’exploitation des réseaux. Pour planifier ces projets, l’amélioration des données climatiques et des modèles scientifiques permettrait de mieux anticiper et gérer les impacts du changement climatique sur les infrastructures électriques.

Qu’est-ce qui est concrètement prévu dans le PNACC 3 au sujet de l’adaptation du système énergétique français ?

Les actions pour le système énergétique français

La mesure 31 du PNACC 3 détaille les actions prochaines et en cours des différents projets pour assurer la résilience du système énergétique français.

La première action traite de l’étude des vulnérabilités des systèmes pétroliers et gaziers.

La Direction Générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) pilote cet ensemble d’études dont les rapports seront publiés en 2026 :

  • Étude sur les vulnérabilités d’approvisionnement et de logistique internationale
  • Étude logistique nationale
  • Étude navigabilité

L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et l’Union Européenne ont publié des rapports respectivement sur la résilience climatique pour la sécurité énergétique et sur l’évaluation des risques climatiques pour l’Europe. L’ensemble d’études de la DGEC viendrait apporter une déclinaison nationale en mettant l’accent sur le transport fluvial du Rhin, déjà perturbé aujourd’hui. Pour en savoir plus sur l’enjeu du transport fluvial pour la décarbonation du transport de marchandise, lisez notre article sur le report modal de marchandise.

Sources d'énergie renouvelables, y compris des éoliennes et des panneaux solaires à côté d'une centrale nucléaire émettant de la vapeur - bas carbone - climat - gaz - politique énergétique - réchauffement climatique - réseaux électrique - Yélé Consulting

La seconde action traite de la résilience du réseau électrique et de la production électrique bas carbone.

  • Au premier trimestre 2025, la DGEC a réalisé, avec l’appui du gestionnaire du réseau de transport RTE, des stress tests (simulation de canicules ou vagues de froid sans vent). Le but est d’évaluer les risques de sécurité d’approvisionnement en électricité. La transformation du mix électrique et des profils de consommation et de production sont des facteurs dimensionnants.
  • Dès 2025, la DGEC veillera à ce que les gestionnaires de réseaux de transport et de distribution intègres les TRACC dans leurs exercices de planification et que les futurs postes (nouveaux ou renouvelés) se base sur les plans de prévention des risques inondations et des modélisations du risque d’inondation. D’ici 2040 seront renouvelés la majorité des ouvrages les plus sensibles au risque de vagues de chaleur (technologie CPI souterraine et fils nus BT). Pour le réseau de transport, l’adaptation des conducteurs existants à la hausse des températures et l’adaptation des postes électriques existants aux inondations seront a minima effectuées au fur et à mesure du renouvellement des ouvrages du réseau de transport.
  • À partir de 2026, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement d’Occitanie (DREAL Occitanie), la DGEC et des concessionnaires poursuivront l’intégration des estimations des conséquences du changement climatique sur l’hydrologie pour une mise en service en 2030.
  • D’ici la fin de 2026, RTE mettra à jour son rapport Futurs énergétiques 2050 avec les objectifs de la PPE3, une mise à jour de ses modèles climatiques en cohérence avec la TRACC. RTE mènera également une étude sur la vulnérabilité et d’exposition au changement climatique de la production sur l’ensemble des filières, y compris les scénarios à faible probabilité, et une étude sur l’évolution des ressources en eau et les conséquences sur la production électrique.
  • La Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR), l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) et la DGEC s’attèleront au maintien de la résilience du parc nucléaire à travers des études intégrant la gestion de l’eau et les aléas prévus dans la TRACC. Les études et les travaux correspondants seront financés par EDF. Les modifications nécessaires des centrales seront intégrées lors des visites décennales des réacteurs.
  • La réalisation d’une étude sur la capacité des parcs éoliens ultramarins à résister aux cyclones et orienter la conception des futurs parcs. Évaluation de la pertinence d’ajouter des spécifications dans le cahier des charges au sujet de la résilience technique des systèmes pour les nouveaux projets éoliens et solaires en outre-mer. Pas de pilote, pas de budget, pas de calendrier, pas d’indicateurs.

A venir : la suite de cet article avec une publication commentant ces actions du PNACC 3 et ce qu’il faut espérer pour une nouvelle version du plan. Suivez Yélé Consulting sur LinkedIn pour ne rater aucunes de nos publications !


Rédacteurs : Inès DU COUEDIC, Lionel JABY