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Conviction Yélé #5 Axiologie & technologies : trouver une cohérence collective dans nos préférences technologiques

L’avènement des technologies modernes a ouvert la voie à des avancées significatives dans notre quête d’une transition énergétique et écologique. Cependant, l’impact de ces avancées dépasse largement les aspects purement environnementaux, englobant également des considérations sociales, économiques et éthiques. Dans cet article, nous examinons en profondeur le rôle crucial que jouent l’axiologie – l’étude des valeurs et des jugements – et les technologies dans la recherche d’une cohérence collective dans nos choix technologiques.

Découvrez « Axiologie & technologies » en format audio avec l’interview de Mamadou NDAO, auteur de la conviction #5 (retranscription écrite en fin d’article)

L’avènement des technologies modernes a ouvert la voie à des avancées significatives dans notre quête d’une transition énergétique et écologique. Cependant, l’impact de ces avancées dépasse largement les aspects purement environnementaux, englobant également des considérations sociales, économiques et éthiques. Dans cet article, nous examinons en profondeur le rôle crucial que jouent l’axiologie – l’étude des valeurs et des jugements – et les technologies dans la recherche d’une cohérence collective dans nos choix technologiques.

La transition énergétique et écologique représente un défi majeur de notre époque, exigeant une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre et une adoption généralisée des énergies renouvelables. Les progrès technologiques, tels que le déploiement des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique, sont des éléments essentiels de cette transition. Cependant, il est impératif de reconnaître que ces avancées ne sont pas sans conséquences, et que des préoccupations éthiques et sociales doivent également être prises en compte.

Une analyse approfondie révèle que le déploiement en masse des nouvelles technologies comporte des défis et des compromis importants. Par exemple, la dépendance croissante à certains métaux rares pour la fabrication de technologies telles que les panneaux solaires et les batteries soulève des préoccupations quant à la durabilité et à l’équité des approvisionnements mondiaux. De plus, les infrastructures technologiques elles-mêmes, telles que les data centers et les antennes 5G, ont un impact significatif sur l’environnement en raison de leur consommation énergétique élevée.

Pour répondre à ces défis, il est essentiel d’adopter une approche axiologique dans le développement et le déploiement des technologies. Cela implique de prendre en compte non seulement les avantages environnementaux et économiques, mais aussi les valeurs sociales et éthiques qui sous-tendent nos choix technologiques. En intégrant des considérations telles que la sobriété énergétique, l’éco-conception et l’économie circulaire, nous pouvons créer des solutions technologiques qui non seulement répondent à nos besoins actuels, mais aussi préservent les ressources pour les générations futures.

En conclusion, l’axe technologique de la transition énergétique et écologique est complexe et multidimensionnel, nécessitant une approche holistique dans le processus de prise de décision. En adoptant une perspective de long terme, nous pouvons faire émerger une cohérence collective qui se traduit par une meilleur capacité à arbitrer entre sophistication et efficacité durable.

Pour approfondir notre conviction sur « Axiologie & technologies », consultez-la en intégralité :

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Retranscription de l’interview :

Ismaël : Bonjour à tous et bienvenue dans la série de podcast « Les Convictions de Yélé Consulting ». Dans cette série, nous parlerons des convictions sectorielles de Yélé, où nous explorerons les idées, les innovations et les valeurs qui façonnent notre vision de l’avenir. En tant que cabinet de conseil spécialisé dans la transition énergétique et environnementale et la transformation numérique, notre mission est d’innover ensemble pour une création de valeur durable. Dans cette série, nous vous invitons à plonger au cœur des enjeux cruciaux de notre époque, des défis de la soutenabilité à la nécessité de repenser nos modes de production et de consommation. À travers cinq épisodes, nous partagerons nos convictions sur des thèmes tels que la complexification de nos systèmes, la circularité, le besoin d’axiologie pour l’usage des technologies et certains paradoxes majeurs de l’innovation numérique. Chaque épisode nous offrira l’occasion d’explorer non seulement l’état actuel de ces domaines, mais aussi les solutions et les perspectives d’avenir que nous croyons essentielles pour créer un monde meilleur. Nous espérons que cette série vous inspirera. Restez à l’écoute pour notre cinquième épisode.

Ismaël : Dans le dernier podcast des Convictions Yélé, nous avons vu aux côtés d’Audrey Bergeron l’importance de la circularité et de l’écologie industrielle territoriale notamment. Aujourd’hui, nous retrouvons Mamadou Ndao, senior manager spécialisé en transformation numérique chez Yélé. Le constat était fait qu’en Europe, une grande part des moyens technologiques de transition énergétique existaient déjà, mais que leur utilisation inconsidérée pourrait générer des impacts environnementaux.

Notre première question sera donc, en quoi les technologies peuvent soutenir l’introduction des énergies renouvelables dans nos systèmes et la décarbonation de nos sociétés ?

Mamadou : Merci Ismaël. D’abord, je voudrais rappeler que la transition énergétique s’inscrit dans un processus complexe qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à diminuer l’empreinte sur l’environnement et à encourager l’adoption de sources d’énergie durables. Pour atteindre ces objectifs, les évolutions technologiques sont au rendez-vous.

Elles s’insèrent incontestablement comme un allié pour la transition énergétique.
Je vais vous donner quelques exemples pour illustrer cela. Le premier exemple est l’émergence de l’intelligence artificielle, qui, grâce aux performances de l’électricité, a permis de produire des énergies renouvelables.

L’apprentissage et la capacité de traitement massif de données transforment le monde de l’énergie et de l’environnement. Aujourd’hui, avec l’émergence croissante des énergies renouvelables intermittentes, diverses et variées, les multiples techniques algorithmiques incluant l’intelligence artificielle engendrent un formidable potentiel de nouvelles fonctionnalités au service du système énergétique et de l’environnement. Par exemple, l’intelligence artificielle peut être utilisée pour améliorer les prévisions de production, de transport, de distribution et de consommation de l’électricité.

L’évolution technologique de l’intelligence artificielle ne se limite évidemment pas au secteur de l’énergie. À mon avis, il convient, dans le cadre de la transition énergétique intégrée, d’harmoniser les installations techniques, les infrastructures et les marchés issus des secteurs de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment et des transports entre eux,
et de les faire converger vers un système énergétique intelligent et optimisé.

Deuxième exemple, je vais vous parler de l’IoT. L’IoT est un outil qui est au service d’un bâtiment plus vert. Il faut savoir que la consommation énergétique des bâtiments est l’un des enjeux majeurs de la réussite de la transition énergétique. Les bâtiments du secteur tertiaire, à eux seuls, représentent près de la moitié de la consommation d’énergie de nos villes. Il faut donc réduire cette consommation. Mais comment ?

Cela va notamment passer par la mise en place de capteurs pour télérelever les consommations d’électricité ou de gaz, à l’aide de compteurs intelligents, ces capteurs sont susceptibles de générer et analyser des données pour la modélisation prédictive.

Ismaël : L’expansion technologique sans conscience collective n’apparaît donc pas sans risque. Quels sont aujourd’hui les dangers d’une expansion technologique irréfléchie pour la soutenabilité ?

Mamadou : Le danger numéro un que je vois est d’ordre géopolitique. Je vais vous dire pourquoi.

Les métaux rares utilisés dans toutes les technologies modernes sont présents en petite quantité. Plus de 80% de ces métaux sont extraits en Chine. Cependant, ce monopole par la Chine ne signifie absolument pas un manque de ressources ailleurs dans le monde.
Des pays comme la France ont tout simplement stoppé l’extraction de ces métaux sur leur sol, car le coût financier et environnemental était trop élevé.

Aujourd’hui, la dépendance mondiale envers la Chine pour ses métaux, indispensable pourtant à la modernité, est quasi totale. Il faut le reconnaître.

Par ailleurs, le processus d’extraction des métaux rares nécessite l’utilisation de substances chimiques qui s’infiltrent dans les sols jusqu’au cours d’eau et polluent les nappes phréatiques. Vient ensuite la phase de raffinage qui produit des poussières métalliques chargées de radioactivité avec des conséquences graves sur les populations.

Les taux de cancer des habitants vivant près des mines sont excessivement élevés.
L’autre danger que je vois est lié à l’utilisation des infrastructures technologiques qui sont un grand émetteur de gaz à effet de serre dû à une forte consommation énergétique.

Je vais vous donner un chiffre. Le numérique occupe désormais environ 2,5% des émissions de CO2. La prise en compte de l’impact environnemental de ces avancées est devenue une urgence mondiale. Les data centers qui stockent et traitent d’énormes quantités de données en sont un exemple frappant. Ces centres de données requièrent d’importantes technologies, d’importantes quantités d’énergie pour fonctionner, contribuant ici de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre.
Par exemple, un data center de grande envergure peut consommer autant d’énergie qu’une petite ville.

Ismaël : Et selon toi, quelles réponses de gouvernance doivent être appelées pour encadrer ces technologies ?

Mamadou : Je pense que l’Europe doit accélérer la mise en place de politiques communes concrètes pour encadrer l’utilisation des matériaux rares et réduire drastiquement sa dépendance à la Chine. Elle doit aussi travailler sur des allègements réglementaires pour renforcer la compétitivité des technologies vertes européennes face à la Chine et aux États-Unis.