Les systèmes d’informations industriels (Operating Systems (OT) en anglais) regroupent l’ensemble des systèmes d’informations (SI) permettant de piloter, surveiller, opérer les actifs terrains des industries. Gartner définie ces systèmes d’informations industriels par l’ensemble des logiciels et composants physiques qui détectent ou causent un changement soit via un monitoring en temps réel et/ou un contrôle des équipements industriels, des actifs, des processus ou des évènements.
Au fil des progrès technologiques, le passage d’un monde analogique et électromécanique s’accélère vers la numérisation des équipements, des systèmes et des usages, engendrant par la même occasion un très grand volume de données.
Cette transition à la fois matérielle, informatique, organisationnelle et humaine provoque un changement profond du secteur et nécessite en particulier d’ouvrir des systèmes précédemment parfaitement isolés.
D’après une étude réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie France en 2021 auprès de 2600 entreprises, le partage de données industrielles se fait principalement pour la maintenance des équipements et la gestion de la production, en grande majorité vers les fournisseurs de solutions logicielles au service des procédés industriels de leurs clients. (source : Microsoft Word – Rapport Données industrielles VF)
Trois facteurs ont accéléré l’ouverte de ses systèmes : La fragmentation des acteurs, l’émergence de business modèles basés sur la valorisation des données / la vente de services associés et l’accélération technologique permettant de traiter les nouveaux cas d’usages (massification ENR, Power to X…) tout en optimisant les modes de fonctionnement actuels.
Pour le secteur de l’énergie, il y a eu tout d’abord la fragmentation des acteurs initiée à la fois par le régulateur en séparant les rôles des différents opérateurs, mais également par l’apparition de nouveaux acteurs sur l’ensemble de la chaine de valeur de l’énergie (augmentation significative des producteurs ENR, opérateurs de mobilité, Solutions IoT complétant un dispositif, module type DERMS…).
Cette fragmentation oblige l’ensemble des acteurs de la chaine à communiquer pour la maintenir opérationnelle et robuste. Pour autant, l’aspect normatif n’est pas toujours suffisant et implique la mise en place d’une gouvernance aux interfaces des différents acteurs / systèmes.
Ensuite, l’accélération technologique et la numérisation permettent de proposer de nouveaux usages censés simplifier les opérations (téléconduite, flexibilité, smart-contract…) mais la masse de données et de cas d’usages complexifient drastiquement les systèmes industriels et provoquent chez les acteurs, les opérants des transformations nécessaires. Un des cas d’usages rencontrés est la multiplication des ENR connectés aux réseaux électriques, dont l’intermittence de production entraine une complexification majeure du pilotage du réseau.
Enfin, la valorisation des données pour proposer des services est un levier d’ouverture au partage de données pour créer des services complexes « sans coutures » du point de vue du client final. Pour autant, la réalisation de tels services nécessite une donnée fiable et stable et implique une interopérabilité éprouvée dans le temps (ce que ne permet pas toujours l’Opendata par exemple).
Problématique des acteurs du secteur
L’ouverture progressive des SI industriels offre de nouvelles opportunités et entraine plusieurs défis de taille. Comment cette ouverture et la numérisation des systèmes d’information pourraient-elles permettre une rationalisation des investissements et une collaboration dans un contexte où la donnée a une valeur concurrentielle prépondérante ?
D’un point de vue opportunité : l’ouverture et la numérisation des systèmes industriels permet une rationalisation des investissements par le partage des données et la création de valeur collective. L’ajout de nouvelles briques d’intelligence artificielle (IA) peut permettre également de générer des optimisations dans les opérations (de conduite de réseaux, de gestion des stocks, …) et d’augmenter l’efficience globale des acteurs.
Cela permet par ailleurs d’ajouter des fonctionnalités de maintenance prédictive et des capacités de modélisation des futurs systèmes, entrainant des économies importantes sur les choix stratégiques d’investissements. Pour autant, un certain nombre de défis se présentent comme les attaques cyber de plus en plus fréquentes et de grandes ampleurs sur les industries (gazoduc, centrale de production, …).
Se pose aussi la question du partage du patrimoine informationnel propre aux industriels, qui ne souhaitent pas partager de données leur permettant de perdre ni leur avantage concurrentiel ni leur souveraineté sur leur système de production. Enfin, les prérequis nécessaires pour traiter ces problématiques nécessitent des compétences de plus en plus pointues en termes de data, mais aussi en termes de projections sur les systèmes de demain.
L’avis Yélé
Nous sommes convaincus que la dynamique d’ouverture doit d’abord se centrer sur la sensibilisation la plus large possible des acteurs aux enjeux et contraintes du partage de données en veillant à démontrer comment il est possible de concrétiser les promesses du partage des données industrielles tout en conservant la robustesse et la sécurité des opérations.
Le monde de demain sera un monde interconnecté et interopérable tout en garantissant une sécurisation des systèmes de production industriels via un renforcement physique de leur sécurité. En effet, de nombreux industriels reprennent la main sur la production de leurs matériels stratégiques à la fois pour en maitriser les données produites et pour garantir « by design » leur conception et leur sécurité.
Dans un monde qui s’ouvre technologiquement, la mise en place d’une gouvernance inter-entreprise devient de plus en plus nécessaire pour garantir à la fois les standards d’échanges et également alimenter les cas d’usages de demain. L’Opendata a un rôle fort à y jouer via par exemple les agences ORE et les associations comme ODRE en étant précurseur et diffuseur des modèles à construire.
Enfin, les providers de solutions seront ainsi des acteurs clés des capacités à faire de demain, mais ne pourront se substituer aux acteurs industriels eux-mêmes et aux logiques politiques permettant d’accélérer les industries (vertes) de demain.
Notre proposition de valeur
Yélé Consulting accompagne de nombreux clients dans leurs réflexions de gouvernance Data comme pour des initiatives de POC dans un cloud souverain; dans des ajouts de module type DERMS pour la maitrise de la supervision et du pilotage ENR et également sur des sujets à fort enjeux d’interopérabilité.